EP 112 / Le syndrome de la bonne élève - Jenny Chammas

Avez-vous le syndrome de la bonne élève ?

Je suis prête à parier que vous allez êtes nombreuses à vous reconnaître dans le syndrome de la bonne élève. 

Pas de panique, ce n’est pas une maladie. Et il faut même avouer qu’il présente un avantage de taille : ce syndrome rend généralement très attractive pour le marché du travail.

En revanche, les problèmes de la bonne élève se révèlent un peu plus tard, lorsqu’elle atteint des postes plus élevés et qu’elle doit véritablement exercer son leadership. Cela lui génère beaucoup d’inconfort et de stress.

Dans ce podcast et cet article, je vais vous expliquer ce syndrome et vous montrer qu‘il est nécessaire d’être moins bonne élève pour mieux leader.

Alors, avez-vous le syndrome de la bonne élève ?

syndrome bonne eleve

Pour écouter le podcast, c’est ici :

Qu'est-ce que le syndrome de la bonne élève ?

Est-ce que vous avez toujours à cœur de bien faire ?

Êtes-vous une personne qui veut toujours faire les choses parfaitement ?

Êtes-vous dans l’attente de la reconnaissance de personnes que vous imaginez supérieures ? Plus hautes dans la hiérarchie, plus âgées, plus expérimentées, etc.

Stressez-vous quand vous avez fait une présentation ou rendu un projet que vous jugez moyen ?

Êtes-vous au fond du seau quand vous faites une erreur ?

Si vous dites oui à ces questions, c’est certainement que vous avez le syndrome de la bonne élève (française).

Je précise “française” car je pense qu’il y a un aspect culturel fort à vivre ce syndrome. En effet, il renvoie à l’école et à la façon dont nous sommes instruites, aux méthodes d’enseignement, de notation, à l’apprentissage par cœur, etc.

Cela peut être différent dans d’autres cultures. Par exemple aux Etats-Unis où l’on apprend davantage la pensée critique dans le système scolaire.

Vous reconnaissez-vous dans ce syndrome ? Si vous n’êtes pas sûre, faites le test :

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D'où vient le syndrome de la bonne élève ?

Cette envie de tout faire bien vient de votre éducation et de la façon dont vous avez été socialisée. Si vos parents étaient très attachés à votre réussite scolaire, à votre carnet de note, alors il y a des chances que vous en soyez victime. 

Personnellement, je me souviens comme si c’était hier de l’une de mes booms annulée pour cause d’un 6/10. 
Ce n’était pourtant pas dans les habitudes de mes parents de prendre ce genre de décision mais ce n’était pas non plus dans mes habitudes d’avoir un 6/10.

Je crois que ce jour-là l’association est devenue limpide dans mon cerveau : 

Bonne note = avoir tout ce que je désire. 

Mauvaise note = pas de gratification et même punition.

Si vous vivez ce syndrome, c’est lié à votre histoire et aux pensées que vous avez formées dans votre enfance qui se répètent encore aujourd’hui.

Votre cerveau a associé une bonne note à quelque chose de positif qui déclenche une satisfaction immédiate.

À cette satisfaction, s’ajoute également la gratification de la reconnaissance extérieure : le carnet de note, les félicitations du conseil de classe, les bravos des parents, la fierté des grands-parents (et le petit billet glissé dans la poche en guise de récompense) et la satisfaction des professeurs.

Un cercle vertueux en apparence…

Vous pourriez penser à ce stade que c’est une bonne chose. Cela semble un cercle vertueux. Une bonne note et tout le monde est content.

Et ce cercle visiblement vertueux se poursuit dans le monde adulte :

Les bons élèves sont en général de bons petits soldats dans le monde du travail. Des salariés consciencieux, rigoureux, à la force de travail développée. Quand ils entreprennent, ce sont des personnes qui rendent le travail dans les délais, qui sont capables de créer énormément de choses en peu de temps.

 

Avoir le syndrome de la bonne élève permet d’obtenir des résultats rapides, de réussir. 

C’est donc un syndrome très efficace qui vous permet décrocher un premier poste de management ou atteindre un premier palier de développement de votre entreprise.

Toutefois, le syndrome de la bonne élève a aussi une face moins visible, qui crée inconfort et stress et empêche les bonnes élèves d’aller plus loin.

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… mais une entrave à la capacité à leader

Le syndrome de la bonne élève est sans doute un bon syndrome pour réussir ses études, commencer sa carrière et progresser rapidement au début.

 

Mais le problème commence à se poser sérieusement quand une « bonne élève » intègre le monde du leadership.

Il y a 4 inconvénients majeurs lorsqu’on a le syndrome de la bonne élève : 

1- Créativité et expression de soi bridées

À l’école, vous apprenez à avoir une bonne note. Le professeur vous donne des formules à appliquer :

– apprendre par cœur

– apprendre à écrire une dissertation avec thèse, antithèse et synthèse

– …

Quand vous appliquez cette formule, généralement, vous arrivez à avoir une note correcte.

Le problème c’est que pour le leadership, il n’y a pas de formule toute faite.

Il y a autant de formules et de styles qu’il y a de leaders. 

Ainsi, la bonne élève panique dès qu’elle est confrontée à quelque chose qu’elle ne connaît pas ou qu’elle ne sait pas faire. 

Quand il n’y a pas de formule à suivre, la bonne élève perd ses capacités de leader.

Elle a peur de ne pas réussir à faire un travail parfait.

Le syndrome de la bonne élève s’exprime alors dans toute sa splendeur : doute, hésitation et recherche de solution et de validation extérieure.

Elle oublie de faire appel à son bon sens, à sa créativité et à son propre style.

Elle oublie de se faire confiance.

Elle oublie de croire qu’elle sait déjà assez de choses pour relever ce challenge là.

Elle pense à tout ce qu’elle ne sait pas et tout ce qui ne va pas.

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2 - Manque de confiance en soi

Une bonne élève cherche la gratification de la bonne note. Donc à chaque travail bien fait, elle attend de la reconnaissance : un feedback positif de son manager, une prime, un mot sympa des collègues.

Chaque effort de plus doit donner droit à de la validation en plus. Un peu comme les bons points. À chaque bonne action, un bon point et au bout de 10 bons points, une image.

Si une bonne élève a le malheur de tomber sur une équipe, un manager, un secteur où elle ne reçoit pas de feedbacks positifs, c’est la catastrophe.

Le cerveau créé une association immédiate entre pas de reconnaissance et une valeur humaine dégradée. « Si je ne reçois pas de feedback positif, cela veut forcément dire que je suis nulle »

Le syndrome de la bonne élève génère alors un manque de confiance. Elle doute d’elle-même, de ses capacités, de ses résultats.

3 - Blocage de l’esprit critique

Quand on a le syndrome de la bonne élève, on a tendance à accorder beaucoup de valeur aux gens qui savent : les plus expérimentés, les plus âgés, les experts. On prend alors tout ce qu’ils disent et font comme faisant loi. Votre esprit critique est aveuglé par la hiérarchie de valeur que crée votre cerveau entre les sachants et vous-même. Or dans la posture de leader, savoir peser le pour et le contre et prendre la responsabilité de ses propres décisions est essentiel. On ne peut pas toujours s’appuyer sur quelqu’un qui sait. Il faut accepter de se mouiller et de prendre des risques. Ecouter l’épisode 52 du podcast pour connaître les 5 clés pour exceller en tant que leader.

4 - Épuisement

Le syndrome de la bonne élève est à l’origine de comportements perfectionnistes. 

La bonne élève est une Madame Parfaite.

Elle travaille énormément, elle travaille même beaucoup trop, car elle vise le 20/20 dans tout ce qu’elle fait.

Et comme elle est une bonne élève, elle est à un bon poste.

Et comme elle est à un bon poste, elle a beaucoup de responsabilités.

Et comme elle veut tout faire parfaitement cela lui prend beaucoup de temps.

De plus, elle a du mal à déléguer parce que les autres ne peuvent pas faire aussi bien qu’elle.

Elle ne peut pas imaginer qu’un collaborateur fasse une erreur, ou rende un travail pas à la hauteur. Elle en serait responsable et ce n’est pas possible d’envisager que ce soit le cas.

Autant tout faire elle-même.

Vous voyez l’idée ?

Je sais, tout comme vous, que cette quête de perfection, le fait de vouloir tout faire, tout réussir, et de tout donner sans filtre et sans limite est l’une des causes de l’épuisement. Épuisement qui peut se dégrader ensuite en burn-out. Alors comment faire pour être une leader épanouie qui n’a pas besoin de s’épuiser pour atteindre ses objectifs ?

Être moins bonne élève pour mieux leader

Être une bonne élève est une bonne chose car vous faites tout bien… jusqu’à un certain point.

Pour bien leader, vous devez apprendre à être un peu moins bonne élève.

Il n’y aura pas toujours de notes, parfois les choses seront moins lisses que dans une dictée mais c’est ce qui fait le sel du leadership.

En tant que leader, vous pouvez apprendre à dresser une vision claire de votre objectif en bonne élève.

Et puis accepter que le chemin pour atteindre cette vision sera peut être un peu moins policé. Qu’il ressemblera peut-être au parcours de l’étudiant qui a changé de voie plusieurs fois, qui a pris une pause en troisième année et qui a fait 4 erasmus.

 

Tous vos acquis de bonne élève peuvent vous servir pour ce qui demande moins de réflexion mais plutôt un travail robotique/automatique ainsi qu’une rigueur d’esprit.

Pour tout ce qui est à construire, à découvrir, à créer, laissez-vous la possibilité d’être une élève moyenne qui teste, qui ose, qui s’aventure pour essayer de faire au mieux avec ce que vous avez.

C’est ainsi que vous développerez votre leadership, pas dans la perfection imaginaire de ce qu’est une leader.

Je vous garantis qu’avoir des mauvaises notes remet les idées en place, cela challenge, cela encourage la créativité et l’audace.

Je n’ai jamais été aussi prolifique qu’après un bon échec.

Alors que diriez-vous de lâcher du lest et de tenter le 0 pointé ?

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