Jenny Chammas

Apprendre à déplaire :
comment mieux manager quand on a peur d’être rejeté par son équipe

Dans un monde professionnel où la pression de performance s’accompagne souvent d’une injonction implicite à « être appréciée », il n’est pas toujours facile d’assumer pleinement ses décisions. Pourtant, pour exercer un leadership juste, ancré et aligné, il est essentiel d’accepter que certaines décisions déplaisent. Surtout lorsqu’on occupe un rôle de management.

Si vous êtes manager et que vous avez déjà pensé : mon équipe ne m’aime pas, ou si vous avez peur d’être jugée au travail lorsque vous tranchez, donnez un feedback ou portez une décision stratégique… vous n’êtes pas seule. Et ce réflexe de vouloir être aimée peut rapidement devenir un frein à votre posture de leader.

Dans cet article, je vous propose d’explorer pourquoi déplaire n’est pas un problème, mais au contraire, une posture saine. À travers des réflexions concrètes, un exemple personnel et des pistes pour ajuster votre posture, vous découvrirez comment transformer cette peur en levier de confiance et d’alignement.
Manager rejetée par son équipe

Pour écouter le podcast, c’est ici :

Table des matières

Pourquoi la peur de déplaire est un frein pour les femmes managers

Vouloir être appréciée au travail est naturel. Mais lorsque ce besoin de reconnaissance devient central, il prend le pas sur la capacité à faire des choix clairs, alignés et responsables.

En tant que femme leader, vous avez probablement été socialisée à « faire plaisir » avant de vous faire plaisir. À éviter le conflit. À arrondir les angles. Et cela peut se traduire par des pensées du type :

  • Mon équipe ne m’aime pas
  • Faut-il être appréciée de ses collaborateurs pour bien manager ?
  • Je ne veux pas être jugée pour cette décision…

Ces pensées sont fréquentes. Mais elles peuvent vous conduire à :

  • repousser des décisions importantes,
  • éviter de recadrer un collaborateur en difficulté,
  • maintenir des initiatives qui ne vous conviennent plus,
  • vous épuiser à vouloir plaire à tout le monde.
Peur d'être jugée au travail

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Exemple vécu : déplaire, ou me trahir ?

Récemment, une personne de mon entourage professionnel a rapporté à une amie des propos erronés sur mon entreprise et ma façon de la mener. Mon premier réflexe a été de vouloir rétablir la vérité. De me justifier. De montrer que j’étais “une bonne personne”.

Mais j’ai choisi de ne rien faire. Car je savais que ce n’était pas moi qui devais convaincre. Mon énergie valait mieux : pour mes clientes, pour mon équipe, pour ma mission. Et j’ai compris à quel point vouloir plaire à tout prix pouvait me détourner de ce qui compte vraiment.

J’ai aussi fait des choix managériaux difficiles ces derniers mois : mettre fin à des collaborations, donner des feedbacks délicats, arrêter une initiative. Chaque fois, j’ai risqué de déplaire. Et parfois, j’ai effectivement déplu. Mais ces décisions étaient nécessaires, alignées avec mes valeurs, et prises avec humanité.

5 bonnes raisons d’apprendre à déplaire en tant que manager

Parce que vouloir plaire à tout prix empêche de bien manager

Manager, c’est décider. C’est poser un cadre. C’est dire non, parfois. Et si votre moteur est de plaire, vous risquez de prendre des décisions tièdes ou de ne pas décider du tout.

Peur d’être jugée au travail ?
Elle ne disparaît pas en essayant de tout lisser. Elle s’apaise lorsque vous êtes pleinement alignée avec vos choix. Diriger, ce n’est pas chercher l’unanimité. C’est viser la justesse.

Parce que déplaire, c’est aussi s’affirmer

Chaque fois que vous dites NON à quelque chose ou à quelqu’un, vous dites OUI à vous-même. Vous affirmez vos convictions. Vous affirmez votre vision. Et cela, même si cela déplaît.

Par exemple, quitter un poste sécurisant pour créer votre entreprise, choisir une méthode managériale innovante, donner un feedback difficile mais nécessaire… sont autant de décisions qui peuvent heurter certaines personnes. Mais ce sont surtout des actes d’alignement.

Parce qu’être soi-même, c’est ce qui inspire

Un leadership fort n’est pas un leadership lisse. Ce qui inspire dans une personne, c’est sa sincérité, sa capacité à dire les choses, son authenticité. En assumant vos décisions même impopulaires, vous incarnez un leadership vrai, qui ouvre la voie.

Plutôt que de chercher à être apprécié au travail, cherchez plutôt à respecté, cohérent, fiable. C’est moins consensuel et cela passe parfois par avoir le courage de déplaire. Mais c’est bien plus nourrissant pour votre leadership.

Parce que plaire à tous, c’est plaire à personne

Vous ne pouvez pas plaire à tout le monde. C’est une illusion. Et plus vous essayez de plaire à tous, plus vous vous éloignez de vous-même. En osant affirmer votre voix, vous attirerez les bonnes personnes, celles qui partagent vos valeurs.

Votre empreinte de leader ne peut pas convenir à tout le monde. Elle ne le doit pas. C’est cette singularité qui fera la différence.

Parce que déplaire est passager, mais la clarté dure

Les personnes à qui vous déplaisez vous oublieront probablement très vite. L’attention humaine est courte. En revanche, ce que vous gagnez en clarté, en sérénité et en alignement… vous le garderez longtemps.

Rappelez-vous : chaque fois que vous osez une décision alignée, même si elle déplaît, vous renforcez votre posture de leader.

Apprendre à déplaire : un acte de leadership aligné

Apprendre à déplaire, ce n’est pas être dans la provocation. C’est accepter que le conflit ou la tension ponctuelle peut coexister avec le respect.

C’est aussi faire confiance à celles et ceux qui savent aller au-delà d’un désaccord, qui savent vous poser des questions au lieu de vous juger, et avec qui vous pouvez construire une relation solide.

Alors, chère leader, si vous vous sentez mal à l’idée de déplaire, sachez que c’est un signe : celui que vous êtes en train de grandir.
Déplaire, c’est parfois avancer malgré la peur. Et c’est souvent ce qui permet d’être au plus près de votre mission, de vos valeurs et de votre impact.

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