Comment je suis passée à la semaine de 4 jours
Vous êtes cheffe d’entreprise et la semaine de 4 jours vous pose question ?
Peut-être aimeriez-vous vous laisser tenter par une réduction de votre temps de travail… Mais travailler moins ne risque-t-il pas d’entraîner des conséquences néfastes pour votre business ?
2022 a marqué pour moi un tournant dans l’organisation de mon temps de travail puisque je suis progressivement passée à la semaine de 4 jours.
Dans cet article, je vous apporte mon témoignage personnel en vous détaillant tout le processus, de la prise de décision à l’application concrète :
Comment mettre en place une nouvelle organisation de travail ? Quels bénéfices m’a apporté la semaine de 4 jours ? Quels enseignements à plus large échelle ai-je pu en tirer pour mon entreprise ?
On en parle !
Pour écouter le podcast, c’est ici :
Transcription de l’épisode :
Dans cet épisode :
Semaine de 4 jours : on en est où ?
Comme son nom l’indique, la semaine de 4 jours désigne le mode de fonctionnement d’une entreprise où l’on travaille 4 jours au lieu des 5 habituels, sans perte de salaire.
Chacun bénéficie ainsi de 3 jours de repos par semaine, week-end inclus… Et il va sans dire que cette organisation du temps de travail intrigue autant qu’elle intimide !
En Europe, certains pays comme l’Espagne, la Belgique ou l’Angleterre réalisent des tests à grande échelle. En France, on reste plus circonspect sur le sujet, même si de plus en plus d’entreprises se portent volontaires pour tester la formule.
Beaucoup d’arguments couramment avancés font mouche :
- L’augmentation de la productivité des salariés
- Un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour tous
- La réduction du taux d’absentéisme
- La fidélisation des salariés
- L’attractivité de l’entreprise qui pratique la semaine de 4 jours
- La protection de l’environnement
Toutefois, on craint légitimement certains inconvénients :
- L’augmentation du rythme de travail sur les journées travaillées
- La complexité d’une réorganisation du temps de travail
- Des conséquences économiques pour l’entreprise
Pour y voir un peu plus clair et offrir un témoignage à l’échelle individuelle, je vais vous décrire ma propre expérience de la semaine de 4 jours.
Je vous fais part de toutes mes réflexions sur le sujet et sur les avantages concrets que cette expérimentation m’a apporté.
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Pourquoi je voulais réduire mon temps de travail ?
En ce qui me concerne, j’en suis venue à prendre la décision de passer à la semaine de 4 jours car je ressentais de plus en plus le besoin de ralentir mon rythme de travail.
- Je travaillais trop
J’exerce un métier dans lequel je me forme continuellement. Or, mes temps de formation ont souvent lieu en dehors de mon temps de travail et, quand j’additionnais les deux, je me sentais de plus en plus débordée.
- Je sentais décliner mes qualités de créativité et de présence
Mon métier me demande de créer beaucoup de choses – des concepts, des textes – ainsi que de transmettre énormément, d’enseigner ce que je crée. Je dois également être à l’écoute pendant mes coachings.
Tout cela demande de l’espace et de l’énergie pour pouvoir le faire au mieux.
- J’avais d’autres projets
Les projets annexes à mon travail occupent une place importante dans mon équilibre. Je voulais me ménager plus de temps pour leur donner vie.
Comment mettre en place une nouvelle organisation de travail ?
Pour faire fonctionner pour moi la semaine de 4 jours, j’ai procédé, comme toujours pour mes projets importants, en plusieurs étapes.
1. Prendre la décision
La prise de décision est une étape cruciale et souvent sous-estimée.
Votre cerveau va forcément vous dire que ce n’est pas possible, puisque vous avez fait différemment jusqu’à présent.
Pour changer, il faut déjà le décider clairement.
C’est ce que j’ai fait fin 2021, en inscrivant ce changement dans mon agenda 2022 et en prévenant mon assistante au même moment, car cette décision allait impacter mes rendez-vous.
2. Procéder par étapes
Passer directement de 5 jours à 4 jours de travail me semblait trop vertigineux.
J’ai donc choisi d’opérer en deux étapes :
- Ne plus travailler les vendredis après-midi, jusqu’à juin 2022
- Ne plus travailler toute la journée du vendredi pour le second semestre
C’est la technique du pas à pas : Commencer par ce qui semble accessible et acceptable pour votre cerveau avant d’aller vers davantage.
Pour moi ne plus travailler les vendredis après-midi était possible, car j’allais déjà chercher mes enfants à l’école à 16h15 ce jour-là. Il s’agissait donc de terminer à 13h au lieu de 16h.
Puis, une fois que j’ai eu l’habitude de ne plus travailler les vendredis après-midi, passer au vendredi complet me semblait plus accessible. Même si ce n’était pas nécessairement facile, je me disais que c’était du moins faisable.
3. Créer les conditions pour que ça fonctionne
Quand on prend la décision de changer d’organisation, c’est assez difficile à tenir. Beaucoup de pensées et d’émotions apparaissent.
Je ne peux pas me le permettre : La peur que mon business s’effondre.
Je ne vais pas me reposer un jour où mon équipe travaille : La culpabilité
Un entrepreneur qui ne travaille que 4 jours par semaine ne peut pas réussir : Une certitude, une pensée automatique
Mais au fond de moi-même, j’avais vraiment envie d’arrêter de travailler le vendredi. Et pour réussir à adopter un état d’esprit à mon service, c’est un sujet sur lequel je me suis beaucoup fait coacher cette année.
J’y suis parvenue grâce aux pensées suivantes :
C’est la meilleure décision que je pouvais prendre pour moi et mon entreprise.
Ça me permet de recharger mes batteries.
C’est un luxe que je m’offre.
J’ai également créé les bonnes conditions pour me tenir à ma semaine de 4 jours :
- Communiquer avec mon équipe
- Planifier tous mes rendez-vous et mes impératifs les autres jours
- Prévoir des choses le vendredi en dehors du bureau
4. Apporter de la flexibilité dans les décisions
Il est aussi important de rester flexible et de se laisser l’opportunité de le constater quand certaines choses ne collent pas tout à fait avec le plan initial.
À l’usage, j’ai constaté que je voulais continuer de travailler certains vendredis pour des évènements importants :
- Mes événements clientes
- Les périodes de Masterclass
- Les événements en partenariat
Au final, je travaille environ un vendredi toutes les 5 ou 6 semaines. Et cela me convient parfaitement !
Il faut savoir conserver de la flexibilité dans ses décisions sans perdre de vue l’objectif d’origine.
Quels avantages à la semaine de 4 jours ?
Je ne suis vraiment pas déçue d’être passée à la semaine de 4 jours.
Cela m’a beaucoup apporté d’un point de vue personnel :
- J’ai gagné en recul sur mon entreprise
Ne pas être tous les jours dans mon entreprise me permet d’avoir une vision plus globale. J’ai davantage de recul et je ne focalise plus sur les détails – même si c’est encore un travail que je dois faire.
- Je suis plus reposée
Le vendredi est désormais une journée qui me permet de décompresser, de prendre soin de moi.
- J’applique concrètement ma devise
« Keep it simple ! » Je vous en ai déjà parlé à plusieurs reprises : il faut toujours privilégier consciemment le chemin le plus simple pour faire les choses importantes.
- J’ai gagné du temps pour moi
J’ai désormais du temps en journée pour me former : ça me permet notamment de suivre une formation de yoga teacher training sans craindre de perdre du temps de travail.
- J’ai plus d’inspiration
En créant de l’espace dans ma vie et dans mon esprit, la semaine de 4 jours m’a permis de gagner en créativité et en inspiration.
- J’enrichis mon expérience à transmettre
Travailler moins me permet de vivre et d’expérimenter des situations que je peux ensuite enseigner. Notamment, de me rendre compte que je ne mets pas mon entreprise en péril quand je m’absente un jour par semaine.
Quels inconvénients à la semaine de 4 jours pour tous ?
Aujourd’hui, certains pays opèrent des tests sur la semaine de 4 jours. La Belgique permet notamment aux salariés de travailler plus sur 4 jours pour ne plus travailler le vendredi.
À ce stade de mon expérimentation, je vais être transparente : je ne sais pas si appliquer la semaine de 4 jours à tous et partout est la meilleure des idées.
Et j’avance à cela trois arguments :
- La fatigue
Condenser son temps de travail sur 4 jours peut être fatigant et je ne suis pas certaine que ça soit un bon calcul pour la productivité globale d’une entreprise.
Dans mon cas, je ne travaille pas plus les 4 jours restants. J’ai totalement coupé un jour.
Mais encore une fois, mon métier se compte difficilement en heures travaillées : en tant que cheffe d’entreprise, je fais beaucoup de stratégie et je travaille ma vision. Et cela se fait aussi en dehors de mon temps de travail.
- Le manque de flexibilité
Les règles strictes font perdre en flexibilité.
À l’échelle de mon entreprise, nous opérons 5 jours par semaine et pas 4.
Si j’étais stricte avec mes 4 jours par semaine, nous nous priverions d’organiser des évènements qui fonctionnent mieux les vendredis et ce serait une perte pour l’entreprise.
- La réalité économique
À ce stade, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre en qualité ou en quantité de service pour travailler toutes 4 jours par semaine. Il y a aussi une réalité économique en jeu.
Tout n’est pas que créativité et vision dans l’entreprise, il y a aussi beaucoup de temps incompressible pour l’opérationnel. Si tout le monde travaille moins, alors chaque heure de travail coûte plus cher. Ce qui n’est pas forcément financièrement possible pour tous, surtout au sein d’une petite structure comme la mienne.
Quels enseignements j’en ai tiré pour mon entreprise ?
Mais s’il me semble qu’instaurer la semaine de quatre jours n’est pas une solution tout à fait adaptée à mon entreprise, j’en ai toutefois tiré d’importants enseignements.
L’importance cruciale de la flexibilité
Ce qui me semble aujourd’hui essentiel, c’est d’offrir de la flexibilité à chacune des personnes dans l’entreprise, quel que soit son poste.
- Flexibilité de travail dans les journées de chaque collaborateur
- Souplesse dans les temps de travail
- Souplesse dans le télétravail
- Souplesse dans les horaires
- Adaptation aux besoins et aux réalités de vie de chacun
Par exemple, j’ai des jeunes mamans dans l’équipe, il y a les rendez-vous médicaux, les maladies des bébés, le post-partum à gérer. Il est important que le travail ne soit pas une charge mentale le soir ou le week-end. Tout doit pouvoir se faire en semaine.
Elles aussi doivent pouvoir jouer avec leur temps de travail comme elles veulent et gérer en autonomie ce qu’elles ont à faire.
De la même façon, si elles veulent partir en week-end tôt, elles n’ont pas besoin de me le demander : elles s’organisent pour le faire et se régulent en fonction des besoins de leur poste.
Et ça marche, car mes salariées sont cadres, elles ne sont pas payées à l’heure mais au forfait jour.
Les vertus de la confiance
Tout est question de confiance mutuelle et de résultats.
Quand les résultats sont là, peu importe la façon dont ils sont créés.
Les heures de travail, le nombre de jours de télétravail, la possibilité d’aller pendant 2 semaines travailler dans sa maison de campagne : rien de tout ça n’est un frein.
Au contraire, c’est même encouragé : C’est du donnant-donnant !
Je suis aujourd’hui beaucoup plus détendue sur ces sujets, maintenant que j’ai compris que me donner ce dont j’ai besoin me permet de mieux travailler. Et que donc, c’est aussi vrai pour mes collaboratrices.
Donner à mes salariées ce dont elles ont besoin permet qu’elles donnent de leur côté le meilleur d’elles-mêmes.
C’est une réflexion en constante évolution sur laquelle je réfléchis. Je reste toujours à l’écoute des besoins de mon équipe et de ce qui se fait par ailleurs.
Si vous avez des bonnes pratiques à ce sujet, n’hésitez pas à les partager !
Au sein de mon programme Leaders Ambitieuses, nous nous attachons chaque jour à devenir de meilleures leaders, tout en prenant soin de nous et de notre équilibre. Vous avez sûrement beaucoup à nous apporter !
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