Comment composer avec des décisions de sa hiérarchie qui ne nous conviennent pas ? Ou pire, avec des décisions que l’on réprouve et qui vont parfois à l’opposé de nos valeurs ?
Le conflit éthique au travail est une situation délicate qui peut résonner profondément en chacun, mettant à l’épreuve sa loyauté pour ses équipes, sa loyauté pour son entreprise et son estime de soi.
En tant que mastercoach spécialisée dans l’accompagnement des femmes leaders, je souhaitais adresser ce sujet trop peu évoqué que rencontrent pourtant beaucoup de managers, dirigeantes ou même de membres d’équipe.
Dans cet article, nous traiterons des manières d’aborder un conflit de valeurs au travail, de l’importance du choix, de notre zone de manœuvre… Et vous verrez que, même dans une situation où l’on se trouve contrainte d’appliquer une décision qu’on ne partage pas, on conserve bien plus de pouvoir qu’on ne le soupçonne !
C’est un sujet que beaucoup d’entre nous rencontrent dans le cadre professionnel mais dont on traite malheureusement assez peu : les désaccords au sein de la chaîne hiérarchique.
Comment faire avec des décisions qui nous déplaisent au travail ?
Vous êtes manager d’équipe et vous devez emmener vos équipes vers un objectif commun que vous n’avez pas défini vous-même et auquel vous ne croyez pas.
Vous êtes dirigeante, membre d’un comex, d’un codir, et la pression des actionnaires vous oblige à emprunter une direction qui n’est pas alignée avec vous.
Vous êtes membre d’une équipe et vous devez appliquer les décisions de votre manager auprès de vos clients sans y adhérer pleinement.
Bref, vous devez composer avec les décisions de votre hiérarchie et des autres.
Et ce n’est pas facile tous les jours !
Parfois, ce conflit interne vous plombe au point de vous démotiver et de ne pas savoir quel discours adopter.
C’est un sujet complexe auquel il est impossible d’apporter une seule réponse.
Je souhaite l’aborder ici selon des principes généraux, car il me semble que cela pourrait grandement aider certaines d’entre vous.
La principale difficulté pour composer avec les décisions hiérarchiques qui nous déplaisent, c’est de se sentir victime de cette décision. C’est d’avoir le sentiment qu’on la subit, qu’on n’a pas le choix et qu’on doit faire avec, parfois jusqu’à se sentir impuissante.
Quand on est en complet désaccord avec une décision, il arrive qu’on concentre toute son attention et son énergie sur ce désaccord tout en décidant de continuer à occuper ses fonctions.
Cette situation crée un brouillard intérieur difficile à percer.
Nos pensées de désaccord nous font nous sentir désalignée, peut-être même en conflit, mais une autre partie de nous se refuse à changer de travail ou d’entreprise. On veut que les choses reviennent comme avant.
Mais à se concentrer sur ces aspects de la situation, on joue un jeu perdant-perdant : on signe pour se sentir mal, quoi qu’il arrive !
Pour pallier cette difficulté, je vous propose de différencier ce qui est dans votre zone de contrôle et ce qui est en dehors de votre contrôle.
Ce qui est en dehors de votre contrôle, c’est ce que font les autres, leurs décisions.
Évidemment, vous avez peut-être, selon votre situation, un pouvoir d’influence sur ces décisions, mais vous n’avez pas le pouvoir de prendre des décisions à la place des autres.
La décision d’un autre, à proprement parler, est en dehors de votre zone de contrôle.
Par exemple :
Ce qui est dans votre zone de contrôle en revanche, c’est :
Tout cela est en votre contrôle.
Et c’est déjà beaucoup !
À ce moment, vous avez plusieurs options : Choisir de ne pas composer, choisir de composer… Ou choisir de ne pas choisir ! Mais vous devez avoir conscience des problèmes qu’entraîne ce non-choix.
Quand vous êtes en résistance, que vous ruminez la décision, que vous en parlez sans cesse à vos amis, votre partenaire de vie, vos collègues… Vous générez en vous des émotions inconfortables :
Dans cet état émotionnel, vous ne parvenez pas à voir de solution sur la manière de naviguer dans les prochaines semaines car vous êtes déjà débordée et votre équipe l’est aussi.
Quand la décision est trop en désaccord avec vos valeurs, vous pouvez décider de ne pas faire avec.
Ce choix peut se manifester de différentes façons :
Dans tous les cas, ici, vous avez conscience que cette décision a dépassé vos limites et vous agissez en conséquence.
Ou bien, vous pouvez choisir de composer sans résistance.
Ici, il s’agit de savoir que cette décision n’est pas celle que vous auriez prise vous-même, mais de choisir en conscience de faire avec et d’orienter vos pensées vers ce qui a du sens pour vous :
En bref : se focaliser sur le moment présent.
Dans ce cas-là, le coaching peut-être d’une grande aide, car vous apprenez à concentrer vos pensées et votre énergie sur autre chose que la décision problématique. Vous évitez ainsi de lui donner trop de place pour mieux trouver votre compte dans cette situation.
Dans cette option, vous faites le choix intentionnel de composer avec la décision. Mais vous ne le faites pas par dépit ou parce que vous êtes victime : vous prenez les commandes.
Vous décidez que vous continuez à avancer avec l’entreprise parce que, dans la balance, vous y trouvez votre compte et que, pour vous, ce serait plus dommageable de faire sans.
Quel que soit votre choix, il n’y a pas de jugement de valeur : simplement une décision personnelle.
Lorsque vous vous mettez en position de choisir d’accepter ou de ne pas accepter, vous reprenez votre pouvoir.
Quand vous avez décidé de composer avec, vous n’êtes pas maîtresse de la décision qui a été prise, mais vous êtes maîtresse du fait de l’accepter et de votre manière d’agir pour la mettre en œuvre.
Cet état d’esprit peut vous aider à composer au mieux pour vous. Puisque vous aurez fait le choix d’être là, vous communiquerez d’une manière plus alignée et vous agirez de manière intentionnelle.
Rappelez-vous que vous avez toujours le choix : Dans une situation sans violence, si vous êtes en sécurité alimentaire et financière, si vous avez un toit sur la tête… Tout reste entre vos mains.
Je veux vous montrer en quoi vous allez pouvoir agir dans la mise en place de la décision de manière alignée avec vous-même, en dépit de votre désaccord.
Prenons l’exemple dans lequel votre entreprise décide de ne pas ouvrir de poste supplémentaire dans votre équipe malgré vos nombreuses demandes et justifications de ce besoin de ressources complémentaires.
Vous décidez tout de même de continuer dans votre entreprise et à votre poste.
Vous décidez de composer avec cette décision de votre hiérarchie, vous accueillez le fait que vous auriez pris une décision différente. La situation n’est pas alignée avec ce que vous souhaitez, mais vous décidez de faire avec et de vous adapter.
Une fois cette décision prise, vous créez alors l’espace pour agir intentionnellement : vous prenez en compte cette décision et vous explorez quelle est votre zone d’action.
Dans notre cas, vous avez de multiples options :
Mais il y a un dernier point important à explorer pour définir cette liste des possibles : celui de vos limites.
Pour agir de manière alignée dans une situation où vous devez appliquer une décision de votre hiérarchie que vous réprouvez, il est essentiel de bien vous connaître et de définir vos limites.
Qu’êtes-vous prête à accepter ou pas ?
Sur quels types de décisions êtes-vous prête à lâcher ou pas ?
Acceptez-vous personnellement de donner ou pas de votre temps ?
Vous devez décider pour vous-même de quelles sont vos limites. Et proposer une priorisation qui soit la plus alignée possible aux intérêts de l’entreprise sans y sacrifier votre propre vie et santé physique et mentale : c’est cela, composer.
Il s’agit ici de savoir poser vos limites quand c’est nécessaire et d’être honnête avec vous-même. Car à tout accepter, on arrive à des situations néfastes pour soi et pour la société.
Mais, en même temps, être inflexible et résister à tout ce qui ne va pas dans notre sens n’est pas non plus faire preuve d’ouverture et de leadership.
On façonne ses convictions, sa vision, ses limites avec le temps, l’expérience, les essais, les ratés et les réussites.
Il y a peut-être des décisions que vous avez acceptées par le passé et que vous n’êtes plus prête à accepter.
Par exemple, accepter une promotion sans augmentation. Ou une remarque sexiste.
Qu’êtes-vous prête à accepter ou pas ?
Si vous êtes dans une situation dans laquelle vous avez le sentiment de subir une décision :
Quel est votre pouvoir ici ?
Que souhaitez-vous en faire ?
Qu’est-ce qui est le plus à votre service ?
Où êtes-vous par rapport à vos limites ?
Il n’y a pas de solution parfaite. Simplement différentes options qu’il faut savoir discerner avec clarté.
Dans tous les cas, ce qu’il est important de retenir est que vous avez le choix. Penser le contraire vous dessert et vous fait entrer en résistance.
Le choix de rester, de partir, d’accepter ou non la décision, le choix de ce que vous souhaitez communiquer ou pas, le choix d’appliquer ou pas. Avoir le choix c’est avoir du pouvoir.
Vous n’êtes pas une victime. Même si c’est parfois très difficile, ce n’est pas une question de vie ou de mort. C’est une question d’état d’esprit.
Note importante :
Si vous êtes dans une situation de violence psychologique ou une situation traumatique dans laquelle la décision a un impact profond sur vous, je vous invite à consulter un psychologue habilité à vous aider dans ce genre de cas.
Être leader, c’est aussi apprendre à composer avec les décisions des autres.
Chacune aura son style.
Il y a celles qui décideront d’accepter et de ne parler que d’une voix, celle de l’entreprise.
Il y a celles qui décideront d’accepter d’exécuter, mais voudront faire savoir leur désaccord.
Il y a celles qui voudront trouver un sens à tout ça.
Il y a celles qui n’accepteront pas.
Faites-vous confiance : il n’y a pas de formule magique.
La première chose à faire, c’est d’être dans votre propre équipe et de vous soutenir. Quoi qu’il arrive, vous avez une part de contrôle dans la situation.
J’aimerais finir avec une idée qui me tient à cœur :
Vous êtes actrice du changement.
N’oubliez pas que les décisions ne sont pas toujours définitives, que les choses peuvent changer et évoluer et que vous pouvez prendre part à cela.
Osez dire avec professionnalisme et arguments ce que vous pensez et proposez.
Faites preuve d’audace et d’assertivité.
Essayez-vous à l’influence !
Les entreprises ne sont pas des entités froides. Elles sont composées d’humains : c’est un échange d’idées, une construction commune. Elles peuvent largement bénéficier de vos idées et de vos opinions constructives.
Lorsque quelque chose sonne faux pour vous, vous n’êtes sans doute pas la seule. Que se passerait-il si vous ouvriez des discussions ?
Composer avec les décisions de sa hiérarchie, c’est composer avec les autres. Cela passe par de la communication. Et cela vous demande d’être aux commandes.
Je sais que parfois c’est dur. Je sais que parfois vous vous sentez illégitime à vous imposer ou que vous redoutez les conséquences. Ou que vous n’en avez tout simplement pas envie.
Mais rappelez-vous que si chacun·e contribue à l’édifice, vous pouvez aussi y apporter votre pierre en conscience et par choix.
À composer avec les décisions des autres, on peut parfois arriver à décider ensemble. Il n’y a qu’un pas.
Donc si vous avez de bonnes idées, ne les taisez pas !
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